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Demain, j’arrête tranquillement le tramadol

De nombreux témoignages envoyés sur ce blog indiquent combien il est parfois difficile de stopper le tramadol.
Vous écrivez :
«Je me suis sevré du tramadol de manière brusque, tout seul, depuis j’ai perdu la tranquillité de mon corps»
«Dès que j’arrête, je me sens tout de suite mal : j’ai très mal à l’estomac, je ne peux plus manger et je ne dors plus»
«J’ai voulu arrêter mais les symptômes de sevrage étaient forts : insomnie, courbatures, j’ai mal partout»
«La nuit c’est la catastrophe, on dirait que je suis devenu fou»

Qu’est-ce que le tramadol ?

Le tramadol est un antalgique classé dans la catégorie des opioïdes faibles.
Faible pourquoi ?
Parce qu’il se lie moins fortement aux récepteurs opioïdergiques que la morphine et d’autres dérivés de la morphine appelés opioïdes forts.

Particularités du tramadol
Le tramadol possède une action que ne partage pas la majorité des opioïdes forts, il agit aussi comme un antidépresseur activant les voies modulant la douleur (action monoaminergique).
Le tramadol est transformé dans le foie par certaines enzymes dont l’activité varie en fonction de la génétique de chacun. Ces enzymes transforment la molécule mère de tramadol en molécules filles dont une présente une action opioïdergique (comme la morphine) plus élevée que la molécule mère. La grande majorité des personnes présentent une activité des enzymes dans la norme, mais certaines personnes présentent une activité ralentie voire absente ou au contraire d’autres personnes une trop grande activité de ces enzymes.

Alors prenons deux exemples des effets du sevrage du tramadol selon l’activité des enzymes
– Les enzymes sont génétiquement trop actives: la personne ressentira des symptômes de sevrage similaires à ceux d’un sevrage d’un médicament à base de morphine (en vert dans le tableau ci-dessous)
– Les enzymes sont génétiquement peu ou pas actives: la personne ressentira des symptômes de sevrage similaires à ceux d’un sevrage d’un antidépresseur (en bleu dans le tableau ci-dessous)

Donc chacun-e réagira différemment à l’arrêt du tramadol, inutile de vous comparer à votre voisin ou voisine.

5 conseils pour vous aider à stopper le tramadol

On peut très bien arrêter le tramadol, à condition de respecter certaines règles pour éviter un syndrome de sevrage.

  1. Ne stoppez pas le tramadol tout seul, faites-le avec l’aide de votre médecin. En effet, comme il n’y a pas un seul schéma de diminution valable pour tout le monde, il est nécessaire d’adapter individuellement le sevrage.
  2. Évitez de stopper le tramadol dans une période de stress (deuil, examen, déménagement…).


3. Tenez compte de la durée pendant laquelle vous avez pris le tramadol. Le temps nécessaire pour le stopper sera d’autant long que vous le prenez depuis longtemps. Soyez patient-e.

 

4. Ne stoppez pas le tramadol d’un seul coup, mais diminuez progressivement les doses par paliers décidés avec votre médecin en fonction de votre tolérance. Plus on arrive vers la fin du sevrage, plus les paliers doivent être longs.

5. En cas de survenue de signes de sevrage (voir tableau ci-dessus), avertissez votre médecin pour décider avec lui ou elle de remonter au palier précédent ou ralentir le sevrage.

Une fois le tramadol stoppé, récompensez-vous

 

Billet rédigé par Dre V. Piguet

Billet relu par Prof J. Desmeules et Mme S. Soumaille
Aucun conflit d’intérêt n’est rapporté par l’auteur et relecteurs.

Références :
Les douleurs chroniques et rebelles. Suzy Soumaille et Valérie Piguet. Editions Planète Santé.
Pharmacogénétique. Sciences naturelles Suisse.
La morphine. Réseau Douleur des HUG

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Publié par Valérie Piguet

Médecin consultante dans les services de pharmacologie et toxicologie cliniques et de médecine interne de réadaptation des Hôpitaux Universitaires de Genève. Médecin au centre Jean-Violette du traitement de la douleur, Genève

21 commentaires

  1. Un immense merci pour vos réponses madame Valerie Piguet. J’honore particulièrement votre façon empatique de répondre à ceux qui comme moi souffre de dépendance au tramadol. L’on m’en avait prescrit de très fortes doses jusqu’à 8 comprimés de 50mg par jour ou sous forme liquide. Quand j’ai voulu le stopper on m’a expliqué que plus on a pris en quantité et en temps plus long sera le sevrage par palier. Ce que je n’ai pas réussi car j’avais des symptômes de manque exactement comme avec une drogue dure ( d’ailleurs je pense que s’en est une et que nous en tant que patient ne sommes pas prévenus suffisamment par les médecins du risque quasi certain d’addiction.De surcroît le fait de devoir en avoir a domicile pour le sevrage par paliers demande aussi beaucoup de volonté puisque l’on a le produit à disposition) J’ai pourtant miraculeusement réussi à arrêter d’un coup du jour au lendemain avec d’immenses efforts et mise en place progressive de natation, de sauna hamam et de prières car sans une aide Divine je n’y serais pas parvenue. Je suis restée environ trois mois avec des troubles du sommeil, des frissons qui ont fini par disparaître. Mais j’avais commis l’erreur d’en garder 4 flacons et même si j’ai tenu trois ans sans en reprendre j’ai eu a nouveau des douleurs dorsales qu’aucun antalgiques ne calmaient et j’en ai repris depuis trois mois pendant que sur une si courte période je ne risquais pas de redevenir dépendante. Je me rend compte maintenant de mon erreur car j’essaye à nouveau d’arrêter sans y parvenir. La douleur est pire qu’à mon premier arrêt. Je vais donc devoir le faire comme vous le préconisez. La seule chose à faire qui serait constructive, pour éviter à d’autres les douleurs immenses que traversent ceux qui doivent s’en sevrer serait d’avertir vraiment les patients qui ont eu la chance de n’en avoir jamais pris que ce médicament est en fait une drogue dure qui ne résout que très temporairement les douleurs. Puisque comme toute drogue il faut en augmenter les doses pour obtenir les mêmes effets sur une période longue. En tout cas encore merci de votre aide précieuse et de vos conseils qui je l’espère rendront possible mon sevrage définitif de cette substance beaucoup plus néfaste que bénéfique.

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    1. Chère Madame
      Merci beaucoup de votre témoignage. La bonne nouvelle est que vous avez pu vous stopper le tramadol une fois et tenir 3 ans. je suis ainsi sûre que vous y arriverez à le stopper une deuxième fois malgré les symptômes de sevrage qui devraient être moins marqués si vous le diminuez très progressivement en fonction de vos réactions. Reprenez quelques activités physiques, utilisez le chaud qui diminue les tensions musculaires, voyez des proches pour vous divertir. Et surtout cette fois-ci ne gardez aucun comprimés ou flacon de tramadol à la maison. Vous avez raison il faut beaucoup de volonté pour faire un sevrage et éviter tout ce qui est susceptible de pousser à en reprendre. Bon courage.

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  2. Bonjour,
    apres 1 an de traitement de SDRC avec du tramadol lp 200mg. En raison des nombreux effets secondaires, j’envisage un sevrage en réduisant toutes les 2 semaines de 50mg. En parallèle je prends du CBD pour éviter les effets indésirables (anxiété panique sueurs irritation dépression) . Est ce une bonne solution ?
    par contre les douleurs réapparaissent sans être totalement calmées par la prise de CBD . merci pour votre aide

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    1. Je vous remercie de comprendre que je ne peux pas faire de consultation online, mais uniquement vous répondre théoriquement. Un sevrage ne se fait pas seul, car plusieurs paramètres entrent en ligne de compte pour l’adapter au mieux à chaque personne, par exemple les autres maladies, médicaments…. Ainsi demandez l’avis et un suivi à votre médecin traitant car à première vue je trouve votre planning trop rapide surtout sur la fin du sevrage. Un sevrage n’est pas une équation mathématique, mais une diminution progressive d’une substance active d’un organisme vivant …c’est donc complexe.

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  3. Bonjour, j ai pris de l oxycodone 2 par jours à effet retard associé à de l oxynorm effet immédiat 2 par jour pendant 1 mois et demi. J ai stoppé net l oxycodone et je prends un oxynorm par jour, est ce pour cela que j ai des nausées sévères et insomnies persistantes? Le médecin ne m a t il pas arrêté le traitement trop vite ? Merci de votre aide car je me sens si mal Vanessa

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    1. Bonjour
      Effectivement vous avez peut-être stoppé un peu rapidement l’oxycodone. L’idéal est de suivre la diminution pallier par pallier pour l’adapter de façon individuelle. Il y a des recommandations générales qu’il faut adapter en fonction des symptômes ressentis par chacun-e.

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  4. Pour un ulcère de Martorell provoquant une douleur intense en permanence, aucun des autres anti-douleur n’était efficace et seul le Tramadol m’a enfin soulagée.L’effet diminuant peu à peu, on augmente la dose. Je suis allée jusqu’au maximum autorisé, 4 mg, soit 8 comprimés de 0,50 mg par jour. Cet ulcère tenace étant enfin en voie de guérison ne me fait plus mal, ou si peu. J’ai donc diminué le Tramadol très progressivement. En deux mois, je suis arrivée à un comprime de O,5O par jour, non pour la douleur mais pour amortir les effets du sevrage, puis plus rien depuis trois jours. Malgré cela, je subis des effets pas drôles : jambes et même bras sans repos, insomnies complètes, nez qui coule, yeux larmoyants, mal au ventre, intense faiblesse, frissons, qui commencent à s’atténuer. Ouf ! Je vais ensuite prendre soin de mes reins et surtout de mon foie, qui ont été mis à l’épreuve. Merci pour vos conseils. Voici mon témoignage de l’expérience Tramadol.

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    1. Merci pour votre témoignage et bravo d’avoir stoppé le tramadol malgré les symptômes de sevrage qui selon les témoignages semblent survenir fréquemment. Il faut donc diminuer très progressivement et même passer aux gouttes en fin de sevrage pour pouvoir prendre moins de 50 mg, soit 25mg par exemple.
      Je me permets une petite précision pour les lecteurs: en général le tramadol est vendu sous forme de comprimé rapide de 50mg, de comprimés retard de 50mg, 100mg, 150mg et 200mg.
      Quelque soit la forme ou la dose du comprimé, il est juste de ne pas dépasser 400mg par jour.

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  5. Bonjour

    Votre article m’as beaucoup aider….
    J’ai voulu arrêter de façon net mais c’est très dur
    La je réduis progressivement les dernières paliers parait il sont les plus long et il faut y aller doucement.

    Je voudrait savoir pourquoi c’est plus difficile pour le corps à la fin de la réduction ?
    Faut-il vraiment réduire pendant un moment plus propice (pas en cas de deuil ou examen ou autre ) ?

    Je voudrait vraiment en finir et ne plus jamais reprendre.
    Cest du Ixprim donc tramadol il ya j’en prend actuellement 4 par jours.

    Merci beaucoup dans l’attente de votre réponse
    Bien à vous

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    1. Bonjour
      Bravo pour réussir à vous diminuer progressivement du tramadol.
      Le tramadol par ses effets au niveau du cerveau entraîne de nombreuses modifications qui prennent du temps pour s’effacer. La période d’arrêt du tramadol ou d’un autre opioïde est une période qui peut vous fragiliser physiquement et psychiquement. L’arrêt demande aussi de la volonté et de la persévérance, alors mieux vaut le faire lorsque votre environnement est calme, mais ce n’est pas une obligation. Par contre, ce qui est indispensable est votre motivation et si possible celle de votre entourage pour vous soutenir dans cet effort.

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  6. Bonjour,

    Merci beaucoup pour ces informations très intéressantes et très utiles.

    J’ai cependant une question, comment passer du dernier pallier (50mg LI/j) à 0. Les gouttes sont elles une option pour terminer le sevrage de manière très dégressive?

    En effet enceinte de 5 mois je suis passé de 200mg LP/j à 50mg LI mais je dois réussir à atteindre 0 avant la fin de la grossesse afin d’éviter Un syndrome de sevrage à mon bébé.

    Un grand merci pour votre réponse!

    Très belle journée à vous.

    Céline

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    1. Bonjour
      Tout d’abord toutes mes félicitations pour votre sevrage.
      Effectivement le passage sous forme liquide vous permettra de terminer votre sevrage en diminuant très progressivement les doses.
      Bon courage pour la fin du sevrage et je vous souhaite beaucoup de bonheur avec le futur bébé.

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  7. Cet article est original, bonne continuation à toutes et à tous !

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  8. Je comprends mieux ce que je vis… Je viens d’une dépendance à 2g par jour de tramadol… La je suis à 150mg mais ce pallier c’est l’enfer j’ai perdu 9kg car je suis en mode vaumissement et gastro chaque jour depuis 6 semaines… Mais un aspect dont on oublie de parler c’est la relation avec le milieu professionnel… Je travaille comme aide ménagère, mes patrons en ont marre de payer des jours de maladie car pour pas perdre le cap j’essaye de travailler au maximum… Sauf qu’ici je suis encore sous certificat car 3fois malade chez mon client… Il manque un peu l’aspect holistique dans ce billet déjà très intéressant

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    1. Bonjour
      Merci de votre remarque qui est très juste, vous faites bien de rappeler que le sevrage n’est pas seulement un problème pharmacologique!
      Un grand bravo pour votre ténacité qui vous a permis de diminuer de 2000 mg à 150 mg et bon courage pour la fin de votre sevrage.

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  9. Bonjour et merci pour cet article intéressant qui sera mis à disposition de nos étudiants, notamment ceux qui suivent le CAS “Douleur et Approches interdisciplinaires” et ceci plus particulièrement en lien avec le cours “Addiction liée aux traitement”.

    Avec mes meilleures salutations
    Sabine Schär

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    1. Chère Madame
      Un grand merci pour votre commentaire positif. Nous sommes ravis si nos billets peuvent aussi être utiles à la formation des étudiants.

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  10. Très bien ces conseils, mais lors de douleurs chroniques , une fois sevré, les douleurs sont toujours là, l’article n’explique pas les alternatives les plus efficaces que l’on peut utiliser ??
    Merci
    Cordialement

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    1. Bonjour
      Nous vous remercions de votre lecture attentive et de votre remarque pertinente. Effectivement lors de douleurs chroniques rebelles, il convient de mettre en place un traitement antalgique multimodal dont le but est de déterminer dans les 4 axes les approches qui conviennent à chaque personne.
      1) les médicaments/infiltrations mais qui ne gardent plus la première place lors de douleurs chroniques
      2) les approches physiques (physiothérapie à sec et en piscine, TENS, gym douce, marches et exercices quotidiens…)
      3) les approches psychologiques (thérapie cognitivo-comportementale, relaxation, autohypnose, mindfulness…)
      4) les moyens personnels de décentration (activités sociales et familiales, lecture, hobby…)
      Vous trouverez toutes ces approches expliquées dans le livre « Les douleurs chroniques et rebelles) détaillé dans le billet « Comment être actif-ve face aux douleurs chroniques » sur notre blog

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  11. Jean Claude WEILL 1 juillet 2019 à 17 h 50 min

    Merci beaucoup pour les renseignements que vous donnez et pour les conseils que vous prodiguez.

    Vous faites un travail remarquable, d’autant plus utile qu’il est sûrement accessible au plus grand nombre de vos lectrices et de vos lecteurs.

    Merci encore.

    Jcw

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    1. Cher Monsieur
      Un très grand merci pour votre commentaire élogieux. Il nous fait grand plaisir et nous motive à poursuivre car la satisfaction d’être utile est notre plus grande récompense.
      Un très bel été à tous les lecteurs et lectrices.

      Répondre

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